Portrait du mois de Mars : M. MBODY Samson

M. Body Samson est une figure incontournable du canton Bassa. Pionnier dans l’aviculture, c’est un entrepreneur bassa qui a réussi par la force du travail et que nous gagnerons à suivre. C’est dans sa belle villa à Ndog Bong, qu’il nous reçoit cet après-midi de mardi 26 février 2013, pour le 1er portrait du mois, du site internet de l’association d’entraide des ressortissants des cantons Bassa Bakoko (Aercbb).

L’union fait la force

 

 

Chancelle Bahoken : M. Mbody Samson, bonjour ! Connaissez-vous l’Aercbb ?

M. Mbody Samson : Bonjour ! Non. Qu’est-ce que c’est ?

Chancelle Bahoken : Une association d’entraide pour les bassa bakoko du Wouri de France. Créée pour se rencontrer une fois par mois, se connaître et réfléchir ensemble sur ce qu’on peut faire pour nos cantons. Que pensez-vous de cela ? est-ce une bonne idée ?

M. Mbody Samson : C’est une bonne chose que vous vous réunissez à l’étranger, que vous n’oubliez pas vos origines et pour faire vivre nos cantons.

Chancelle Bahoken : Pouvez-vous nous parlez de vous ? Qui êtes-vous ?

M. Mbody Samson : Né le 28/07/1943, je suis le fils des regrettés M. Mbody Ferdinand de Ndog Bong et de Mme Ndoutou Esther de Kotto. Je suis donc originaire du canton Bassa, et du village de Ndog Bong. Retraité aviculteur, je suis le pionnier qui vulgarise la consommation des œufs et des poulets à Douala.

Après 2ans de formation à la ferme école de Libamba (Fel), je rentre à Douala dans les années 1965. A l’époque, l’oeuf et le poulet sont considérés comme des aliments de  luxe. De retour au village, mon oncle, le regretté M. Wéa Moïse, me donne les moyens de mettre en pratique ma formation, en me faisant gérer une exploitation fermière familiale, à Ndog Hem I, face à l’actuelle Oil Lybia Guiness. Fort de ce succès, j’obtiens encore son soutien et celui du Suisse M. Pascal Depury, fondateur de la Fel, pour m’installer cette fois à mon propre compte, dans les locaux de l’actuelle concession de la Chefferie supérieure de Bassa, à Ndog Bong.

En 1970, je crée la Coopérative des aviculteurs du Littoral (Copal), que je dirige d’une main de fer jusqu’en 1974. Dans le cadre de l’exploitation de ma ferme, je deviens le fournisseur de grands magasins comme Monoprix, Soudanaise, Score ; des hôtels Les Cocotiers devenus Le Méridien, Sawa Novotel, Akwa Palace, Ibis, Beauséjour ; des restaurants tel Le Lyonnais et des boulangeries comme Zépol, Le Pélisson, … etc jusqu’en 1994. Et je prends ma retraite dans les années 2000.

Sur le plan religieux, très tôt je suis la catéchèse et adhère au mouvement UCJG (union chrétienne des jeunes gens), dans les années 1956. A cette époque les membres étaient mes pères. Ceux-ci me confient la présidence du groupe, en disant que c’est un mouvement réservé aux jeunes. A l’époque il n’y avait qu’un seul groupe à Bassa. Il siégeait les dimanches tour à tour à Ndog bong et Ndokotti. A mon arrivée, j’étends l’Ucjg à toutes les paroisses bassa bakoko du Wouri, voire de la ville de Douala. Je suis le pionnier de la création des groupes Ucjg dans le district BBD (Bassa Bakoko Dibamba). Dans un 1er temps, certains week-ends nous assistions bénévolement les populations des villages que nous visitions (aide aux nécessiteux, constructions de sanitaires, aide-ménagère, …etc) et nous sensibilisions les jeunes au mouvement Ucjg, de sorte qu’un groupe naissait par la suite. Et une fois que Bassa a disposé de plusieurs groupes Ucjg, je nomme celui de Ndog Bong « Georges Williams », qui est le fondateur des Ucjg dans le monde. En 1957 j’adhère à la Chorale d’hommes par obligation de mon instituteur M. Ebwéa Isack, qui recruteur les jeunes hommes pour étoffer cette chorale.

Sur le plan traditionnel, à 22 ans je deviens notable de la chefferie supérieure du Canton bassa. Et le 01/05/2001, je suis nommé Trésorier général du Ngondo.

Chancelle Bahoken : Notre association a déjà eu à faire plusieurs dons et aides aux cantons bassa. Y a-t-il des actions que vous auriez souhaité voir mener par l’Aercbb dans nos cantons ?

M. Mbody Samson : Bon, sur les dons que vous avez déjà faits, vous pouvez créer une commission qui suit et vérifie ces dons. Des personnes qui se déplacent sur place pour vérifier que l’argent est bien arrivé et a été utilisé comme il le fallait.

Mettre en place des bourses scolaires pour les meilleurs élèves et étudiants. Créer des commissions pour s’en occuper.

Créer une boutique communautaire gérée par des personnes de bonne moralité. Ceci permettrait de créer l’emploi et occuper les jeunes. C’est déjà pas mal !

Un constat accablant : les gens dans nos cantons deviennent fainéants, s’enrichissant par la vente de terrains. Mais cette manne est-elle éternelle ?

Il faut créer des commerces gérés par nos enfants, et des lieux qui fassent vivre le canton.

Chancelle Bahoken : Quel(s) message(s) adressez-vous aux membres de l’Aercbb ?

M. Mbody Samson : Tenir bon car ce n’est pas facile de vivre en groupe. Vraiment, rester soudés. Accepter de perdre une partie de soi car on reçoit aussi de l’autre. Ensemble, soudé, on est plus fort et on fait peur. La tradition dit : »vous êtes partis à la pêche ». Quand tu vas à la pêche, tu dois ramener du poisson. Quand on pêche un peu, on ramène un peu. Et quand on pêche beaucoup, on ramène beaucoup. Vous êtes dans une pêcherie en France et il faut que lorsque vous aurez pêché suffisamment, ça se ressente à la maison (dans nos cantons), que la pêche a été fructueuse.

A l’époque l’homme de la côte tenait à son honneur, sa personnalité. On le disait orgueilleux. Ses poches vides mais l’honneur sauf et sa personnalité ! L’argent a beaucoup tâché l’honneur du côtier aujourd’hui, mais de grâce évitons d’être des consommateurs…

Chancelle Bahoken : Waouh ! Quels messages adressez-vous aux Bassa Bakoko du Wouri en général ?

M. Mbody Samson : Etre plus éveillés.

Un constat triste : De tous les millions tombés à Bassa lors des ventes de terrains, aucune société n’est sortie de terre. Aucune petite entreprise connue, même pas de fabrication de bougie, appartenant aux Bassa Bakoko. Rien. Alors que nous aurions pu devenir des hommes d’affaires, nous aurions pu nous regrouper pour construire de grandes choses dans nos cantons.

Chancelle Bahoken : Enfin quel(s) conseil(s) donneriez-vous au Président de l’Aercbb ?

M. Mbody Samson : Qu’il soit patient. Qu’il soit le serviteur des autres, non pas le chef. En anglais on dit « the leader », c’est-à-dire, celui qui conduit, qui montre le chemin. J’aime beaucoup ce terme là hein, « the leader ». Qu’il soit le leader.

Chancelle Bahoken : Je vous remercie beaucoup de votre disponibilité, M. Samson. Au nom de l’association Bassa Bakoko de France, je vous dis “Merci de nous avoir accordé cette interview. Nous saurons mettre en pratique vos conseils”.

A bientôt.

M. Mbody nous offre un héritage énorme. Les documents suivants (que vous pouvez visualiser dans la Rubrique “Canton Bassa “) :

l’histoire de l’origine des Bassa du Wouri
– l’arbre généalogique des Bassa du Wouri
– l’histoire de la Chefferie traditionnelle des Bassa du Wouri
– l’arbre généalogique de la famille Royale Bassa Wouri